Bilan tragique donc et fiasco sur toute la ligne ! Mais qu’a donc fait la France, cette France qui a « une relation aussi ancienne qu’intense » avec Madagascar et qui «a trop d’amour et de passion » pour lui, qu’a-t-elle fait pour épargner à la Grande Île un tel naufrage ? On est en droit de lui poser la question.
En effet, il lui est commode maintenant de dresser l’inventaire de nos malheurs, de pousser un cri de désespoir, alors que pendant ces 4 ans et demi elle a cultivé l’ambiguïté sinon la complaisance ouverte avec le nouvel homme fort de Madagascar, sa cour et tous les chefs de ces partis politiques confettis qui n’ont pas fini de se pavaner sur les décombres de notre République.
Que n’a-t-elle pas, à l’époque, condamné vigoureusement le coup d’Etat du 17 mars 2009, au lieu de reconnaître du bout des lèvres que « oui, c’en est un » (N. Sarkozy, mars 2009) ?
Rappelons-nous du militantisme du précédent ambassadeur, de sa proximité affichée avec qui vous savez, sa manie de convoquer quiconque prit la liberté d’égratigner (à raison) la France, dans la façon contestable sinon détestable de cette dernière d’aider Madagascar.
Rappelons-nous de cette escouade de soldats de l’armée malagasy (celle-ci pourtant partie prenante dans le coup d’Etat de mars 2009), conviés par la France à défiler sur les Champs-Elysées le 14 juillet 2010, pour commémorer, a-t-elle dit,les 50 ans des indépendances des Pays francophones ! .On aurait compris, apprécié et applaudi si le Pays était dans son ordre constitutionnel ! Mais à l’époque, cela avait pris pour les Malagasy un autre symbolisme : une remise au pas dans le giron de la France !
Que dire aussi, quand le 07 décembre 2011, l’Elysée, pour une séance de travail, a ouvert ses portes à un putschiste, et qui, de surcroît, à cause de cela figure sur la blacklist de la Communauté Internationale ? Ce fut-là une exception et une exclusivité françaises !
Dans la situation où se trouvait Madagascar, voilà deux exemples d’initiatives, sinon provocantes du moins malheureuses, prises par la France ! On aurait aimé que celle-ci observe une certaine retenue (comme on le dit si bien en diplomatie !), qu’elle s’abstienne, exemple plus récent, de déclarer que « le retour de Ravalomanana avant les élections n’est ni opportun ni utile » (propos rapporté par Midi, 24 janvier 2013) : le sus-dénommé étant déjà en passe de devenir un martyr aux yeux de bon nombre de ses compatriotes et la France identifiée comme son ennemi juré ! (surtout quand celle-ci s’acharne, à tort, à revendiquer l’élimination du nom d’une Ravalomanana de la liste des candidats aux Présidentielles).
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Nous ne pensons pas que tous ces dérapages (contrôlés ?) préservent et servent durablement les intérêts français à Madagascar. Et sans doute, la France en a-t-elle pris soudainement conscience ? En effet, ces derniers temps, nous semble-t-il, quelques discours ont changé. La France s’est-elle ressaisie ? Est-elle en train de rebattre ses cartes ?
Sa gauche au pouvoir voudrait peut-être ne pas commettre des erreurs d’appréciations (admirez l’élégant euphémisme, svp !) comme ce fut le cas en 1994 au Rwanda ou en 2011 en Tunisie (erreurs reconnues par le Président N. Sarkozy respectivement lors de sa visite à Kigali en février 2010, et lors d’une conférence de presse en février 2011 : « Nous n’avons pas pris la juste mesure de la désespérance du Peuple tunisien ! »)
Nous souhaitons donc qu’elle prenne la juste mesure des poids des uns et des autres dans la configuration de la «mythologie intérieure » de notre Nation !
Antananarivo, le 19 juillet 2013
Adolphe E. RAKOTOMANGA
Maître de Conférences
Président de l’Association Force de l’Education et de la Recherche (HFF/FER)
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