Assemblée nationale : Les députés ne lisent pas les projets de lois

De la bouche même de certains députés, lors du premier jour au cours duquel ils devaient plancher sur la fameuse loi relative à la violence basée sur le genre, la majorité n’a pas lu le projet de loi : est-ce parce que c’est en français et qu’ils ne comprennent pas le français ? Est-ce parce qu’ils ignorent le rôle exact d’un parlementaire, à savoir voter des lois? Est-ce parce qu’ils sont habitués à voter des textes sans les avoir lus parce qu’ils sont focalisés sur leurs avantages et les indemnités en hausse dans la loi de finances? Est-ce parce qu’ils attendent d’éventuelles consignes de parti ou de sms envoyés entre eux ou de mallettes – c’était le cas il n’y a pas longtemps encore- pour voter ou non un projet de texte ? Voilà à quoi est réduite la réflexion qui doit être menée sur chaque projet de texte soumis au Parlement ; voilà pourquoi les parlementaires sont incapables de faire des propositions de lois, car habitués à voter des textes sans vraiment les lires. Ces dernières législatures depuis dix ans à peu près, ont démontré que les parlementaires ont de moins en moins l’estime des citoyens.

On parle de ” parler-menteur”, on évoque leurs recherches d’avantages excessifs, les innombrables assistants parlementaires où le népotisme règne pour se faire de l’argent sur le dos de la population. D’ailleurs, ces assistants parlementaires ne devraient-ils pas assister les députés, lire les textes et en faire des notes pour les députés qui “ne peuvent pas” lire les textes, les analyses, y réfléchir pour différentes raisons telles que le manque de temps ou pire le manque de connaissances ou l’incompétence? Les réflexions semblent passer en second plan, l’esprit critique semble laisser place aux consignes de partis : on vote pour ce texte ou on fait front contre ce texte… Les députés ou du moins certains, aiment porter les titres ronflants “honorable !” et jouent de leurs avantages, mais en oublient leur rôle essentiel. L’absentéisme est un phénomène courant dans les couloirs de l’Assemblée nationale. Il y a même des personnes en prison qui sont élues députés ou pire des présumés criminels vont se cacher et trouver refuge dans les toilettes de l’Assemblée nationale. Comment peut-on, dans un tel contexte, espérer avoir des lois qui expriment la volonté générale ? Comment peut-on dans un tel contexte espérer avoir des lois applicables dans nos réalités quotidiennes ? Comment ne peut-on pas être choqué quand on se rend compte qu’ils ne lisent même pas les projets de lois qu’ils sont censés voter et pour lesquels ils sont payés chers ? Pour ce coup-ci, la traduction ou le sens même du concept de “genre” est méconnu de beaucoup des parlementaires. L’esprit de la loi semble ne pas leur avoir été expliqué. Le personnel de la police nationale, habitué depuis des années à être saisi sur ces questions de violence basée sur le genre l’explique mille fois mieux et sans prétention que d’autres parlementaires. Il a même fallu un communiqué officiel pour ” éclairer ” la population et certainement pour éclairer aussi bon nombre de ceux qui ont levé la main en votant le texte sans l’avoir compris ! Il en est aussi ainsi de la loi de finances, combien de ces élus l’ont lu, l’ont épluché et en mesurent la portée de la loi de finances?

Les travaux de commission précèdent certes la session plénière, mais quand les députés ne s’impliquent, ni dans les travaux de commission, ni durant la session plénière et qu’ils ne lisent même pas ces projets de lois sur lesquels ils sont censés mener des réflexions, prendre conscience de chaque article, de la portée de chaque article puisque telle est leur raison d’être à Tsimbazaza, telle est leur raison d’être au palais de Tsimbazaza, Tsimbazaza le palais, mais pas Tsimbazaza le chantre des immortels qu’est l’Académie Nationale et pas non plus Tsimbazaza le parc botanique et zoologique. Entre Tsimbazaza le palais et les deux autres endroits de Tsimbazaza, il n’y a qu’un pas que ces députés pourraient franchir…

Article de/ D.R. - http://www.lagazette-dgi.com