Résistance!

Résistance!

Le dégoût et la rage. Tels sont les sentiments qui ont envahi l’esprit d’une majorité de malgaches le jour de la proclamation des résultats par la Hcc. Les mots de Jean-Eric Rakotoarisoa résonnent encore dans nos têtes, tant ils sont indignes de la part de celui qui représente la plus haute juridiction du pays. Sans avoir aucune envie de ressasser les « considérant » motivant la décision de la cour, cette institution s’est définitivement déclassée devant l’opinion en oubliant de dire très simplement le droit.
En outrepassant son rôle, qu’elle ne s’étonne pas qu’elle soit la cible des critiques. Lors de cette cérémonie, la tonalité des juges intervenant, apporte les indices sur le sens du mandat qui commence. Et si cela devait être une opportunité pour asseoir un véritable état de droit par des juges totalement indépendants, cela était une occasion flagrante pour constater leur lien de subordination et d’allégeance aux puissances de l’argent, dont on ignore d’ailleurs l’origine, sous-couvert d’une dite communauté internationale sous influence.

Puisque personne n’est dupe, les pressions pour museler les voix dissonantes et les critiques se cachent à peine. Quand le président Ravalomanana prend acte des résultats, on dit qu’il les accepte. En venant à l’investiture, on affirme qu’il fait allégeance. Heureusement que la dignité existe encore mais elle n’est possible que pour ceux qui la mérite.
On dit aussi qu’une page est en train de se tourner, comme si on devait oublier à tout prix ce qui vient de se passer. Les blessures provoquées par une victoire usurpée sont encore béantes et ne s’apaiseront pas en cachant la réalité.

Les rancœurs sont encore sur les lèvres et risquent l’éruption si le nouveau pouvoir n’apporte pas de solution rapide aux problèmes socio-économiques. Les premiers signaux envoyés par ces nouveaux dirigeants ne sont pas rassurants car ils profitent d’un vide juridique pour déjà renforcer ses prérogatives en voulant se passer de l’assemblée nationale pour légiférer. Bien que cette disposition soit prévue par la constitution, son usage est le symbole même de l’anti-démocratie car il concentre tous les pouvoirs dans les mains du seul président de la république.

Si pour l’instant, toutes les conditions de transparence ne sont pas encore réunies pour le déroulement des législatives, la constitution d’une plateforme unique regroupant toutes les entités d’opposition demeure à ce jour la meilleure façon de faire jouer les principes de démocratie. C’est aussi l’unique manière de résister contre un pouvoir sans partage, qui voudrait que les pouvoirs intermédiaires comme le parlement ne soit que des chambres d’enregistrement ou supprimés purement et simplement.

L’instant est grave car chacun est conscient de sa propre impuissance devant le cynisme qui tend à se globaliser, ignorant les frontières au gré de ses intérêts. Un grand pas sera fait quand les citoyens du sud sauront qu’on assigne à leur pays le simple rôle de pourvoyeur de matières premières et de sources d’énergie pour alimenter les pays du nord et satisfaire les besoins de leurs consommateurs.

Dans l’immédiat, il faut être fier de ce qu’on est et des batailles livrées pour la justice. Sachons garder la tête haute car les défaites contre la tricherie ne sont pas déshonorantes. Résistons.

Helian Ralison