Marc Ravalomanana, un vrai bâtisseur |
En effet, Madagascar a toujours connu des grandes familles d'entrepreneurs, mais jamais de grands industriels à la hauteur de Ravalomanana, un exemple unique dans l'histoire du pays. La preuve en est que deux ans après l'exil de ce dernier et malgré la prétendue libéralisation de l'économie clamée haut et fort sur la place du 13 mai, aucun industriel malgache de calibre de Ravalomanana n'a toujours pas réussi à émerger. Ses détracteurs pourront toujours ressortir cette vieille rumeur selon laquelle Ravalomanana aurait bénéficié des exonérations fiscales sous le régime de Didier Ratsiraka mais même à supposer qu'une telle rumeur soit fondée, cela ne saurait remettre en cause le talent et la réussite de cet homme d'affaires dans un créneau où aucun Malgache avant lui n'avait réussi à s'imposer : concurrencer directement les produits importés de norme européenne.
Avec le départ de Ravalomanana, c'est donc notre fierté nationale qui en a pris un sacré coup. Je regrette une époque récente où à table, à côté des boissons STAR (Coca-Cola, Eau Vive, THB,...), se dressaient fièrement des boissons "vita gasy" d'aussi bonne qualité. Avec le départ de Ravalomanana, c'est aussi toutes ces valeurs (travail, gout de l'effort, culture du résultat) qu'il avait essayé d'inculquer à notre classe dirigeante qui ont disparu et ont laissé place à des valeurs moins nobles comme l'arrivisme, le pistonnage ou l'ascension sociale fulgurante à l'image de celle de nouveaux membres de la HAT et du Parlement auto-proclamé. On peut critiquer certains traits de son caractère (qui sont aussi à la hauteur de ses talents) mais on ne peut reprocher à cet élu du Peuple d'avoir bossé dur pour son pays.
L'ombre de Ravalomanana
Je viens de passer quelques semaines de vacances à Madagascar mais on est obligé d'admettre que l'ombre de Ravalomanana plane toujours sur ce pays. Et cela commence dès l'arrivée à Ivato avec ces fonctionnaires qui essaient de vous soutirer de l'argent. Certes, la corruption a toujours été un sport national mais si au temps de Ravalomanana les agents d’État redoutaient le BIANCO, ce n'est plus le cas aujourd'hui. Et plus on se rapproche du centre-ville, plus on est un peu nostalgique de l'ère de Ravalomanana quand on voit l'état dans lequel Rajoelina a laissé nos routes.
J'ai également eu l'occasion, pendant mon séjour, de discuter avec mes anciens collègues de travail mais systématiquement nos conversations tournent autour de la crise actuelle et la baisse sensible du pouvoir d'achat. Quant aux fameux Tsena mora, cela ne les concerne pas dans la mesure où il faut avoir du temps pour faire la queue devant ces points de vente. Notre chauffeur, lui, n'a pas pardonné aux auteurs du putsch d'avoir bousillé sa vie : "A l'époque où j'ai travaillé chez TIKO, me raconte-t-il, j'avais pas mal d'avantages sociaux. Je pouvais acheter des meubles à crédit grâce au système de financement mis en place par la société. Tout ça du jour au lendemain est parti en fumée".
Mais les avis des chauffeurs de taxi ou autres tireurs de pousse-pousse constituent, à mon avis, le meilleur indicateur d'opinions. Un tireur (je dirais plutôt maintenant "un pédaleur") de pousse-pousse de Toamasina ne comprenait pas, par exemple, pourquoi Rajoelina donnait la priorité à la réhabilitation de l'Hôtel de ville et à la construction d'un Centre hospitalier au lieu de commencer par réparer les routes de la ville. "Au moins, poursuit-il, Ravalomanana avait commencé par réhabiliter nos routes." Des travaux qui sont apparemment suspendus par le pouvoir de fait actuel.
Monsieur le Président, "Tohizo ny lalantsika"
On ressent donc une certaine haine latente au sein d'une frange grandissante de la population à tel point que l'un d'eux avait pris la décision de supprimer les chaînes TV locales "pour ne pas voir la tête de l'autre et ses cinémas quotidiens". Le pays se trouve aujourd'hui dans une impasse, entre un pouvoir illégitime qui cherche par tous les moyens à s'accrocher à ses privilèges et un Peuple mécontent mais impuissant, et qui de plus doit continuer à assumer le train-train quotidien. Il est fort à parier que la SADC ne validera pas cette feuille de route dans sa version actuelle et ce malgré l'ambiguïté entretenue par J.M Châtaigner autour de celle-ci, j'ai alors envie d'adresser ce message au Président Ravalomanana : "Vous avez réussi à surmonter une multitude d'obstacles durant la période pré-électorale de 2002, vous avez mis en échec la diplomatie françafricaine pendant la crise post-électorale de 2002 et vous avez tenu bon jusqu'à maintenant. Nous vous faisons entièrement confiance pour rééditer ces exploits cette année. Nous souhaitons que vous puissiez continuer ce que avez commencé : Tohizo ny lalantsika".Bill Razily, Bordeaux le 12 mai 2011
Merci, pour cette analyse réelle et véridique.
RépondreSupprimerQue Dieu vous entende!
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